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mercredi 20 avril 2011

Pour un nouveau temps de la démocratie en Afrique

Alors que le rapport de forces est en passe de s`inverser en Côte d`Ivoire, l`ancien premier ministre Dominique de Villepin lance des idées pour une paix durable dans la région. 

La Côte d`Ivoire est à un tournant. Les événements se sont accélérés après quatre mois de crise politique ouverte. Le spectre d`une guerre civile longue semble devoir céder la place à une transition rapide. Nous pouvons nous en réjouir. Mais une question doit se poser à nous : si Laurent Gbagbo est chassé du pouvoir par Alassane Ouattara, cela suffira-t-il à ramener en Côte d`Ivoire la paix et la démocratie ? Ce ne peut être qu`un point de départ.

Car c`est bien cela l`enjeu, l`ouverture d`un nouveau temps de la démocratie, en Côte d`Ivoire et en Afrique, en s`appuyant sur toutes les leçons des guerres civiles, des alternances manquées et des crises de succession des dernières décennies - au Soudan, en République démocratique du Congo, en Sierra Leone, au Rwanda. Partout et toujours les mêmes dangers : la dictature, la partition du pays, un État failli. La démocratie n`est jamais au bout du canon. Car la légitimité conquise par les armes ternit toujours la légitimité acquise par les urnes.

Le principe de la légitimité démocratique doit l`emporter. L`objectif est clair. Alassane Ouattara est le président élu ; Laurent Gbagbo doit quitter le pouvoir. Mais ne soyons pas pour autant aveugles aux divisions profondes de la société ivoirienne, ne soyons pas amnésiques sur seize ans d`une crise de succession, dans un État fragilisé par la crise économique et la disparition de la génération de l`indépendance. Depuis, pas une élection n`a permis une transition pacifique. Des oppositions géographiques, économiques, culturelles ont creusé des tranchées irrémédiables dans le territoire ivoirien.

Ce dont la Côte d`Ivoire a besoin, c`est de paix, de réconciliation et de stabilité. Et nous avons à cet égard, en vertu de notre amitié, un devoir d`initiative.

Le premier objectif doit être pour les États africains, avec l`appui de la communauté internationale, de rester vigilants sur la protection des populations civiles. D`autres scénarios de violences diffuses et d`escalades restent à craindre. Le Conseil de sécurité a pris ses responsabilités en exhortant au départ sans violences de Laurent Gbagbo et en donnant aux neuf mille hommes de l`Onuci tous les moyens pour remplir cette mission. Il ne doit pas s`en détourner au prétexte qu`Alassane Ouattara aurait les apparences du pouvoir sur l`essentiel du pays.

Le deuxième objectif doit être la relance d`un processus de réconciliation nationale, à travers la reprise d`une médiation de l`Union africaine et de la Cedeao sous l`égide de l`ONU. Ce sera la lourde tâche du nouveau pouvoir légitime. Beaucoup de temps a déjà été perdu. En 2003, la France a pris l`initiative avec les accords de Marcoussis, grâce à l`action de Jacques Chirac que j`ai eu l`honneur d`accompagner dans cette tâche. Un médiateur spécial de l`Union européenne, en contact avec les Nations unies, doit être mandaté, en appui des efforts africains. Car au-delà des enjeux politiques, toutes les aspirations doivent être écoutées, tous les acteurs pris en compte, comme dans le cas libyen.

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