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mardi 10 mai 2011

Yao-N'Dré mange son chapeau

Ceux qui s'interrogeaient sur l'issue de l'imbroglio politico- uridique qui courait en Côte d'Ivoire auront eu réponse à leurs questionnements en fin de semaine dernière : le président de la Cour constitutionnelle, Paul Yao-N'Dré, revoyant toutes ses copies - ses détracteurs diront toute honte bue- sort de son chapeau de nouveaux chiffres de la présidentielle du 28 novembre 2010 qui accouchent d'un verdict proclamant Alassane Dramane Ouattara Président de la République de Côte d'Ivoire.

Dans la foulée, c'est le même Yao-N'Dré qui reçoit la prestation de serment du président élu, le vendredi 6 mai, devant un parterre d'invités triés sur le volet. Ce président du Conseil constitutionnel qui, il y a cinq mois, avait refusé la victoire au président élu pour la donner à son mentor Laurent Gbagbo, use ici d'un argument de taille pour justifier sa volte-face : « le Conseil constitutionnel fait siennes les conclusions du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine ».

Très bien. Mais on ne manquera pas de regretter que cette sagesse-là, il ne l'ait pas eue en temps opportun ; car alors on aurait sans doute évité à la Côte d'Ivoire de connaître les affres qu'elle dut traverser, avec ses corollaires de morts, de déplacés, d'habitants traumatisés et d'infrastructures ravagées.

Il n'empêche, ADO est désormais le président de la République de Côte d'Ivoire en toute légalité. Le troisième acte de ce triptyque, l'investiture elle-même, interviendra le 21 mai. Elle sera une cérémonie presque pour la forme, l'essentiel des assises juridiques étant déjà acquis.

Paul Yao-N'Dré aura donc repris du service pour faire roi celui qu'il avait décidé de priver de « sa chose ». Quid de ce qu'il adviendra de lui lorsque tout sera terminé ? A supposer qu'il ne démissionne pas de lui-même, on comprendrait qu'on le prie de se mettre quelque part à l'écart. Terrible ironie du sort, ce mentor qu'il choisissait de récompenser à son tour, presque concomitamment, devait se prêter à l'interrogatoire du Procureur de la république.

L'enfant terrible de Mama, désormais reclus au palais de Korhogo, n'a visiblement pas l'intention de se laisser passer sur le gril avec la facilité que l'on croit. Il se sera doté de célèbres avocats, parmi lesquels le célébrissime Me Vergès, dont on dit qu'il saurait même défendre le diable en personne.

Pour le moment, la procédure semble mal partie, puisque deux des trois défenseurs de l'ancien président ont été refoulés d'Abidjan. La raison en serait qu'ils ne possédaient pas de papiers en règle. Les intéressés crient à une mise en scène ourdie par les nouvelles autorités, histoire de priver Gbagbo d'un conseil juridique.

On semble s'embarquer une nouvelle fois dans un débat politico-juridique qui passionnera sans doute les habitués des arcanes du droit. Mais tout indique qu'il ne sera pas possible de juger le désormais ex-maître d'Abidjan sans ses avocats.

Le procureur Simplice Kouadio pourra le rencontrer toutes les fois qu'il le souhaitera, la chose ne pourra se faire en toute légalité qu'à la condition qu'on la fasse dans les règles de l'art.

Les avocats de Gbagbo, qui savent qu'ils défendent une cause à tout le moins difficile, peuvent céder à la tentation facile d'user de toutes les arguties du droit sinon pour retarder, du moins pour défendre bec et ongles leur client, en usant de tout ce qui serait à portée de droit. Dans cette bataille juridique, qui s'annonce féroce, il se peut que la fin justifie les moyens.

C'est de bonne guerre d'ailleurs, et il revient aux nouvelles autorités ivoiriennes de le savoir et de s'entourer de la parade légale idoine ; car le tout ne sera pas de juger Gbagbo, il faudra réussir la prouesse de le faire dans les règles du droit. Ce ne sera pas une sinécure : à tout le moins, il faudra ménager la chèvre et le chou.

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