Dans un message mis en ligne sur des sites islamistes, le chef d'al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), le Yéménite Nasser al-Wahishi, menace du « pire » les Etats-Unis après la mort d'Oussama ben Laden. Rendant hommage à ben Laden, « tué en combattant les ennemis d'Allah sans se rendre », al-Wahishi assure que les Américains vont « devoir combattre une génération après l'autre » car, dit-il, « la bataille entre nous n'était pas dirigée par Oussama seul ».
Nasser al-Wahishi occupe-t-il la position dont il se réclame à la tête d’al-Qaïda dans la péninsule arabique, l’Aqpa ancrée au sud de la péninsule yéménite, c’est ce que RFI a demandé à Mathieu Guidère, chargé de cours à l’université de Toulouse, spécialiste de la veille internet des réseaux terroristes, auteur d’une étude sur Les nouveaux terroristes nés en Occident, publié en 2010 aux éditions Autrement.
Mathieu Guidère : Ce message intervient après celui du chef d’Aqmi, al-Qaïda au Maghreb islamique, et après le message du chef d’al-Qaïda en Irak, qui ont tous les deux dit cette semaine qu’ils allaient venger le mort d’Oussama ben Laden. Le message d’Aqpa était donc attendu comme émanant d’al-Qaïda dans la péninsule arabique en tant que branche officielle de l’organisation adoubée par ben Laden.
Son chef, al-Wahishi, est un Yéménite qui connaît ben Laden, qui s’est échappé en 2006 de prison avec 22 autres prisonniers. Il est secondé par un Saoudien, Saïd al-Shihri, un ancien prisonnier détenu à Guantanamo.
Cette branche d’al-Qaïda dans la péninsule arabique est née en janvier 2009 de la fusion de l’ancienne filiale d’al-Qaïda en Arabie Saoudite et de la branche d’al-Qaïda au Yémen. L’objectif de chacun des deux étant de se renforcer dans cette région.
RFI : Quelle est la force de frappe d’Aqpa ?
M.G. : Aqpa est l’une des branches les plus actives et les plus nuisibles aujourd’hui dans le monde. Elle bénéficie d’un contexte politique et social très instable au Yémen. Elle a réussi à s’implanter en particulier dans les régions sud et est du pays, grâce à des complicités locales et surtout au réseau tribal antigouvernemental, ce qui lui permet de mener des actions contre les forces de sécurité, et cela en intégrant un certain nombre d’Occidentaux, des militants nés en Occident et qui ont fui les Etats-Unis par exemple. On pense à l’imam radical Anwar al-Aulaqui.
Aqpa est ainsi devenue une véritable menace pour les Etats-Unis. C’est Aqpa qui avait organisé la tentative d’attentat contre le vol Amsterdam-Détroit le jour de Noël 2009 et qui l’a d’ailleurs revendiquée. Aujourd’hui, dans son message, elle ne fait que reprendre cette menace à l’intention des Etats-Unis en particulier en disant qu’ils regretteront le temps où ben Laden était vivant.
RFI : Alors justement, cet imam américano-yéménite, al-Aulaqui a été localisé au sud du Yémen par les Américains qui ont d’ailleurs tenté en vain de l’éliminer ?
M.G : En effet. Et cet Américano-Yéménite a un parcours tout à fait exceptionnel puisqu’il est né et a vécu aux Etats-Unis. C’est un Américain type jusqu’à ce que petit à petit la radicalisation post 11-Septembre 2001 l’amène à fuir les Etats-Unis pour se réfugier au Yémen. Et aujourd’hui, il est numéro un sur la liste des Américains les plus recherchés au monde par les services américains et en particulier par le FBI et la CIA.
Sa tête a été mise à prix et les Américains tentent par tous les moyens soit de le capturer soit de le tuer parce qu'il représente, du point de vue américain, la plus grande menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis.
Et c’est lui qui a notamment initié ce virage stratégique de l’organisation pour la propagande en anglais. Il a poussé à la création d’un magazine, Inspire, totalement en anglais, visant à recruter des Américains pour le djihad. Et de ce point de vue-là, il représente aujourd’hui une menace sérieuse pour les Etats-Unis.
RFI : On a dit la mouvance al-Qaïda en perte de vitesse avec la montée des mouvements qui se développent dans le monde arabe. Qu’en est-il d’après vous ?
M.G : Effectivement, al-Qaïda a été déstabilisée ces derniers mois comme on le voit à travers les discussions, les forums, les interrogations que se posent tous ces groupes. Elle a été déstabilisée par le fait que les régimes contre lesquels al-Qaïda luttaient depuis deux décennies maintenant ont été changés par des mouvements pacifiques et par des personnes qui ne se réclamaient pas du djihad. Par conséquent, les militants et les combattants de l’organisation se posent la question de la place du djihad.
Est-ce que le djihad a encore sa place pour changer les régimes ou bien ne faut-il pas aller dans les rues manifester ? C’est un questionnement, c’est une interrogation qui malheureusement aujourd’hui est en train de passer au second plan en raison du raidissement de certains régimes arabes. On pense à la Libye, à la Syrie, au Bahreïn, où la contestation pacifique n’a pas abouti et où de nouveau, cela vient nourrir les arguments des partisans d’al-Qaïda qui pensent qu’il n’y a que la solution violente pour changer les régimes.
Mathieu Guidère : Ce message intervient après celui du chef d’Aqmi, al-Qaïda au Maghreb islamique, et après le message du chef d’al-Qaïda en Irak, qui ont tous les deux dit cette semaine qu’ils allaient venger le mort d’Oussama ben Laden. Le message d’Aqpa était donc attendu comme émanant d’al-Qaïda dans la péninsule arabique en tant que branche officielle de l’organisation adoubée par ben Laden.
Son chef, al-Wahishi, est un Yéménite qui connaît ben Laden, qui s’est échappé en 2006 de prison avec 22 autres prisonniers. Il est secondé par un Saoudien, Saïd al-Shihri, un ancien prisonnier détenu à Guantanamo.
Cette branche d’al-Qaïda dans la péninsule arabique est née en janvier 2009 de la fusion de l’ancienne filiale d’al-Qaïda en Arabie Saoudite et de la branche d’al-Qaïda au Yémen. L’objectif de chacun des deux étant de se renforcer dans cette région.
RFI : Quelle est la force de frappe d’Aqpa ?
M.G. : Aqpa est l’une des branches les plus actives et les plus nuisibles aujourd’hui dans le monde. Elle bénéficie d’un contexte politique et social très instable au Yémen. Elle a réussi à s’implanter en particulier dans les régions sud et est du pays, grâce à des complicités locales et surtout au réseau tribal antigouvernemental, ce qui lui permet de mener des actions contre les forces de sécurité, et cela en intégrant un certain nombre d’Occidentaux, des militants nés en Occident et qui ont fui les Etats-Unis par exemple. On pense à l’imam radical Anwar al-Aulaqui.
Aqpa est ainsi devenue une véritable menace pour les Etats-Unis. C’est Aqpa qui avait organisé la tentative d’attentat contre le vol Amsterdam-Détroit le jour de Noël 2009 et qui l’a d’ailleurs revendiquée. Aujourd’hui, dans son message, elle ne fait que reprendre cette menace à l’intention des Etats-Unis en particulier en disant qu’ils regretteront le temps où ben Laden était vivant.
RFI : Alors justement, cet imam américano-yéménite, al-Aulaqui a été localisé au sud du Yémen par les Américains qui ont d’ailleurs tenté en vain de l’éliminer ?
M.G : En effet. Et cet Américano-Yéménite a un parcours tout à fait exceptionnel puisqu’il est né et a vécu aux Etats-Unis. C’est un Américain type jusqu’à ce que petit à petit la radicalisation post 11-Septembre 2001 l’amène à fuir les Etats-Unis pour se réfugier au Yémen. Et aujourd’hui, il est numéro un sur la liste des Américains les plus recherchés au monde par les services américains et en particulier par le FBI et la CIA.
Sa tête a été mise à prix et les Américains tentent par tous les moyens soit de le capturer soit de le tuer parce qu'il représente, du point de vue américain, la plus grande menace pour la sécurité nationale des Etats-Unis.
Et c’est lui qui a notamment initié ce virage stratégique de l’organisation pour la propagande en anglais. Il a poussé à la création d’un magazine, Inspire, totalement en anglais, visant à recruter des Américains pour le djihad. Et de ce point de vue-là, il représente aujourd’hui une menace sérieuse pour les Etats-Unis.
RFI : On a dit la mouvance al-Qaïda en perte de vitesse avec la montée des mouvements qui se développent dans le monde arabe. Qu’en est-il d’après vous ?
M.G : Effectivement, al-Qaïda a été déstabilisée ces derniers mois comme on le voit à travers les discussions, les forums, les interrogations que se posent tous ces groupes. Elle a été déstabilisée par le fait que les régimes contre lesquels al-Qaïda luttaient depuis deux décennies maintenant ont été changés par des mouvements pacifiques et par des personnes qui ne se réclamaient pas du djihad. Par conséquent, les militants et les combattants de l’organisation se posent la question de la place du djihad.
Est-ce que le djihad a encore sa place pour changer les régimes ou bien ne faut-il pas aller dans les rues manifester ? C’est un questionnement, c’est une interrogation qui malheureusement aujourd’hui est en train de passer au second plan en raison du raidissement de certains régimes arabes. On pense à la Libye, à la Syrie, au Bahreïn, où la contestation pacifique n’a pas abouti et où de nouveau, cela vient nourrir les arguments des partisans d’al-Qaïda qui pensent qu’il n’y a que la solution violente pour changer les régimes.
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