Le secrétaire général du département et des directeurs reproches au ministre de la Communication la confiscation du budget de fonctionnement.
L’ambiance pesante au ministère de la Communication (Mincom) depuis la clôture du comice agro pastoral d’Ebolowa en janvier dernier, s’est gravement détériorée depuis le 23 mars 2011. En effet, ce mercredi-là, selon des sources concordantes au ministère de la Communication, le chef du département, Issa Tchiroma Bakary, a instruit son secrétaire, Emmanuel Ndjere, de présider une réunion au cours de laquelle M. Ndjere allait faire le point de l’activité du département jugée au ralenti depuis pratiquement deux mois. Au cours de ladite assise, le secrétaire général du ministère de la Communication a constaté «le climat pesant qui règne dans la maison». Le Mincom ayant constaté que certains de ces collaborateurs ont mis la pédale douce, il s’est inquiété des semaines auparavant auprès de ses proches.
Pour le ministre Tchiroma, nombre de ses collaborateurs, à l’instigation des cadres de haut rang au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), se refusent d’assurer le service public au prétexte qu’il leur fait de l’ombre en défendant bec et ongle le président Biya.
Ce à quoi l’on répond au comité central du parti au pouvoir, qu’on «fait équipe avec le ministre Tchiroma sans oublier qu’il est de l’opposition. On ne peut ignorer ses déclarations passées sur la gouvernance du Rdpc, ni son concours à des moments décisifs de la vie nationale aux côtés du pouvoir». Toujours est-il qu’au terme de la réunion du 23 mars dernier, les directeurs, conseillers techniques et inspecteurs ont décrié la confiscation par le ministre de quasiment tout le budget de fonctionnement du département ministériel. Etant donné que la réunion présidée par le Sg sur instruction du Mincom a visiblement fait choux blanc, le Mincom a lui-même présidé une nouvelle réunion de crise mercredi dernier, 30 mars 2011. Un autre mercredi.
Suspension de signature
Au cours de ladite séance de travail, le ministre Tchiroma infiltre trois fonctionnaires de la direction générale à la Recherche extérieure (Dgre) dans son cabinet. L’identité de ces fonctionnaires de la police n’est pas déclinée. Leur fonction et grades non plus.
D’après Issa Tchiroma qui ne nie pas cette infiltration, cette présence s’imposait tant elle a permis aux intéressés de se faire une idée de l’ambiance réelle au sein de son département ministériel, loin des notes de renseignements par fois orientées qu’ils reçoivent sur sa gestion de ce département ministériel. Pour le chef de département ministériel, c'était faire preuve d'une manifestation de transparence.
Au cours du débat qui va suivre, de manière unanime et frontale, tous les principaux collaborateurs du Mincom, apprend-on de sources internes à ce département ministériel, décrieront le manque des moyens leur permettant de travailler, l’essentiel du budget de fonctionnement étant alloué au ministre lui-même.
Pour eux, les structures opérationnelles se trouvent paralysées pour cause de la main basse du ministre de la Communication sur près de 90% du budget de fonctionnement. D’après un responsable présent à la réunion qui a souhaité gardé l’anonymat pour des raisons évidentes, le secrétaire général, les directeurs, conseillers techniques et inspecteurs ont dénoncé cette répartition du budget. En effet, apprend-on de sources autorisées, sur un milliard de Fcfa de budget destiné au fonctionnement des services centraux, le cabinet du ministre s’en tire avec… 850 millions de Fcfa.
Sans indiquer le pourcentage ni le montant qui est alloué au fonctionnement de son cabinet, le Mincom de son côté affirme que le budget de fonctionnement des services centraux n’est que de 802 millions de Fcfa. A en croire nos sources, la direction des Affaires générales reçoit une affectation de 75 millions, la direction des Technologies de la communication, 15 millions, celle de la Promotion de l'image, 12 millions, la division des Affaires juridiques, 10 millions.
Dans le même temps, le secrétaire général bénéficie d’une dotation de 10 millions de Fcfa, l’inspecteur général, cinq millions, l’inspecteur n°2, trois millions et le conseiller technique n°1, trois millions. Dans cette répartition, tous les responsables faisant valoir leurs droits à la retraite puisque ne pouvant plus rien engager officiellement sur les lignes budgétaires de l’Etat, ont perdu le droit d’engager des dépenses sur leurs lignes au profit du cabinet du ministre. A la proposition principale de ses collaborateurs «d'effectuer un saupoudrage [budgétaire] auprès des directions opérationnelles afin que celles-ci puissent répondre de manière efficace aux tâches prescrites», M. Tchiroma, selon nos sources, a répondu par la négative.
D’après des sources, le ministre a retiré la signature à cinq de ces collaborateurs au terme de la réunion du 30 mars dernier. Il s’agit du secrétaire général, de l’inspecteur général, du conseiller technique numéro 1, du conseiller technique numéro 2, du directeur de la communication publique et de celui l'action gouvernementale. Une information démentie par le ministre de la Communication, qui dit n’avoir suspendu personne de signature depuis son entrée en fonctions. Une déclaration qui est cependant loin de détendre l’atmosphère au ministère de la Communication.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire