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vendredi 22 avril 2011

CÔTE D'IVOIRE


Côte d'Ivoire : Laurent Gbagbo gardé à Korhogo (et mécontent)

L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo est détenu à Korhogo, dans le nord de la Côte d’Ivoire. Une localité qu’il n’a pas choisie et où il est gardé par l’un de ses opposants les plus radicaux...
Laurent Gbagbo est bien retenu dans la ville de Korhogo dans le nord de la Côte d’Ivoire, en attendant un éventuel procès national ou international.
L’ex-président ivoirien aurait préféré rester dans le sud du pays, à Bassam ou San Pedro, mais on ne lui a pas laissé le choix.
C’est en revanche lui qui a insisté pour partir seul : la déchéance de son épouse, Simone - qui depuis  son arrestation se réfugie dans la prière - lui est trop pénible.
Pas d’autorisation pour la Croix-Rouge
La Croix-Rouge a demandé à le voir (comme l’exigent ses proches) mais elle n’a pour l’instant pas reçu l’autorisation.
D’après son entourage, l’ancien président ivoirien est gardé par des forces onusiennes ainsi que par les hommes du commandant Martin Kouakou Fofié, un des chefs de l’ancienne rébellion des Forces nouvelles.
Laurent Gbagbo, qui est devenu un paria de la communauté internationale après sa tentative de coup d’État institutionnel de décembre dernier, a donc pour gardien un homme qui fait lui-même l’objet de sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU depuis 2006...

Côte d'Ivoire : du rififi chez les avocats de Laurent Gbagbo
Pas encore entièrement constitué, le collectif d’avocats pour la défense de Laurent Gbagbo est déjà secoué par des jeux d’ego. Me Gilbert Collard a annoncé vouloir prendre ses distances avec ses collègues, notamment avec Me Jacques Vergès. En cause : de sérieuses divergences de style.
L’avocat français Gilbert Collard fait désormais « cavalier seul ». Mercredi 20 avril, il a annoncé qu’il quittait le collectif chargé de la défense de Laurent Gbagbo et de ses proches. Des « difficultés relationnelles » avec Me Jacques Vergès, autre pointure du barreau français membre du collège d’avocats, sont à l’origine de la rupture, selon Me Collard. « Ce n’est pas conflictuel entre nous, mais nous ne sommes pas d’accord sur la méthode et sur le rythme de notre intervention », explique-t-il à jeuneafrique.com.
Tout est parti d’un courrier, écrit au nom du collectif d’avocats mais signé de la main du seul Gilbert Collard, dans lequel celui-ci demandait au gouvernement ivoirien d’Alassane Ouattara un « permis de visite » pour son client, le président déchu Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril dernier à Abidjan et transféré depuis à Korhogo, dans le nord de la Côte d’Ivoire.
Or, Me Vergès affirme ne pas avoir été consulté. Lui et Roland Dumas - également membre du collectif – se sont désolidarisés de cette demande. Selon les deux hommes, qui s'étaient rendus à Abidjan fin décembre pour apporter leur soutien à Laurent Gbagbo, adresser une requête à un gouvernement qu’on ne reconnaît pas comme légitime est plus que contradictoire.
Ne pas s’embarrasser des "vieilles modes"
De son côté, Me Collard revendique des méthodes « individualistes », et estime qu’il avancera mieux tout seul. Pour lui, le travail au sein d’un groupe est « trop lourd ». Il préfère aller vite, dit-il, et ne pas s’embarrasser de « vieilles modes ».
« Le plus urgent, c’est d’entrer en contact avec notre client », explique-t-il. Ce à quoi il s’emploie activement, en étroite collaboration avec la fille de Simone Gbagbo, Marie-Antoinette Singleton, et Alain Toussaint, un conseiller parisien de Laurent Gbagbo, tous deux initiateurs du collectif d’avocats.
« Dans tout groupe, on ne peut pas éviter les clashs, mais nous estimons que nous devons continuer à travailler avec Me Collard, explique Alain Toussaint. Il a souhaité se mettre en dehors du collectif pour éviter la cacophonie mais il a été le premier à s’engager à nos côtés. Il a une méthode de travail dont on ne veut pas se passer », poursuit le conseiller de Gbagbo.
Me Collard défend Michel Gbagbo
Me Collard continuera donc à suivre certains pans du dossier Gbagbo. Il va notamment prendre la défense de Michel, le fils du président déchu, annonce Alain Toussaint. Il sera aussi en charge des plaintes déposées par une trentaine de familles franco-ivoiriennes qui dénoncent les exactions commises par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI, pro-Ouattara) contre leurs proches.
Le collectif d’avocats devrait compter au total une quinzaine de membres, choisis par Alain Toussaint et un avocat ivoirien. « Je m’occupe de l’aspect politique de la défense, et cet avocat, dont je ne peux pas révéler le nom, est en charge de l’aspect juridique », explique-t-il. La liste des défenseurs - « un Sénégalais, un Ghanéen, un Béninois, un Camerounais, un Sud-Africain... » - sera révélée mardi prochain, affirme le conseiller. Quelques noms circulent déjà : la Camerounaise Josette Kadji, qui a qualifié Ouattara d’ « usurpateur », et le Français Marcel Ceccaldi, ancien proche de Jean-Marie Le Pen, devraient faire partie de ce collège chargé de faire libérér celui qu'ils considèrent comme le président légitime de la Côte d'Ivoire.

Vergès et Dumas défendent Gbagbo, Lang le fustige

Les avocats français Jacques Vergès et Roland Dumas ont décidé d’apporter leur soutien à Laurent Gbagbo et de se rendre à Abidjan. Quant au socialiste Jack Lang, il a de nouveau appelé le président ivoirien sortant à quitter le pouvoir.
Alors que l’ensemble de la communauté internationale œuvre au départ de Laurent Gbagbo- le président ivoirien sortant, qui refuse de céder sa place à Alassane Dramane Ouattara récemment élu -, plusieurs personnalités françaises viennent d’apporter leur soutien officiel à Laurent Gbagbo.

Maîtres Jacques Vergès et Roland Dumas sont arrivés à Abidjan jeudi 30 décembre, afin d’offrir leur expertise juridique et de conseiller Laurent Gbagbo.
La communauté internationale « se mêle de tout »

Connu pour ses engagements tiers-mondistes, Jacques Vergès, 85 ans, a accusé la France d'ingérence dans la crise ivoirienne. « Qu'est-ce qui autorise le gouvernement français à intervenir dans une querelle électorale en Côte d'Ivoire? Le temps de la colonisation et des juges de paix à compétence étendue est terminé », a-t-il déclaré sur la chaîne française I-Télé.

« J'ai quelques indications pour pouvoir dire que tout le monde n'est pas d'accord dans la communauté internationale. Elle se résume à quelques personnalités qui se mêlent de tout et dont on va examiner le cas" », a estimé pour sa part Me Roland Dumas, 88 ans, ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand.

Ce double soutien à Laurent Gbagbo est d’autant plus surprenant que la quasi-totalité de la communauté internationale (Cedeao, Nations unies, États-Unis, Union Européenne…) a officiellement reconnu Alassane Dramane Ouattara comme président légitime depuis l’élection du 28 novembre.

La communauté internationale tente par les voies diplomatiques de faire accepter sa défaite à Laurent Gbagbo et de trouver un compromis pour organiser son départ du Palais présidentiel. Une perspective qu’il refuse pour l’instant.
« Laurent, il est temps de partir »

Certains anciens proches de Laurent Gbagbo ont même aligné leur position sur celle de la communauté internationale, l’appelant à quitter le pouvoir. C’est le cas de Jack Lang, ancien ministre de François Mitterrand. S’il avait apporté son soutien à son « cher » Gbagbo avant l’élection présidentielle, se rendant même à Abidjan pour encourager « un camarade socialiste, un progressiste », il a depuis changé d’avis et expliqué sa position sur jeunafrique.com.

Jeudi, sur les ondes de RTL, il a de nouveau jugé « inacceptable que Laurent Gbagbo puisse refuser les décisions des urnes et de la commission électorale » qu’il a « lui-même contribué à mettre en place ».
« Je lui ai écrit, j'ai essayé de le joindre, j'ai appelé son entourage, je n'ai pu le joindre directement, mais je lui dis par votre intermédiaire "Laurent, il est temps de partir et de sortir par le haut et de faire que la Côte d'Ivoire aujourd'hui déchirée, divisée, puisse retrouver pleinement la paix" et connaisse le régime démocratique dont il a été lui-même le fondateur », a-t-il déclaré.

Jack Lang avait déjà, début décembre, appelé son ami à quitter la tête du pays, estimant qu'il se « grandirait en reconnaissant les résultats » donnant la victoire à son rival Alassane Ouattara.

Le parti de Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI), est membre comme le Parti socialiste français de l'Internationale socialiste mais, officiellement, le parti français et le président sortant ivoirien n'entretiennent plus de relations depuis 2004.

Côte d'Ivoire : Les avocats de Gbagbo réclament un droit de visite

Des avocats saisis par la famille Gbagbo demandent un permis de visite pour pouvoir rencontrer le président ivoirien déchu, actuellement en résidence surveillée.
L’avocat français Me Gilbert Collard a adressé un courrier à Alassane Ouattara pour lui demander de l’autoriser à rencontrer Laurent Gbagbo. Il fait partie d’un collectif de cinq avocats saisi par la belle-fille du président ivoirien déchu, Marie-Antoinette Singleton (fille de Simone Gbagbo). Elle leur a demandé de faire la lumière sur la légalité de l’arrestation de ses parents, survenue à Abidjan il y a une semaine exactement, et sur le rôle joué par la France dans cet assaut final qui a permis à Alassane Ouattara de devenir officiellement le nouveau président ivoirien.
Dans son courrier, Me Collard écrit : « J'ai l'honneur de vous demander, conformément au droit national et international et aux principes qui gouvernent le respect des droits de l'homme, de bien vouloir faire délivrer à moi-même ainsi qu'à mes confrères un permis de visite afin de rencontrer [Laurent Gbagbo] dans des conditions conformes à la loi. » Sa lettre est rédigée « au nom du collectif des avocats du président Gbagbo ».
Toutefois deux membres de ce collège d’avocats, Me Jacques Vergès et Me Roland Dumas se sont, dans un communiqué, désolidarisés de cette demande, arguant du fait qu’ils n’ont « pas été consultés par Me Collard. Selon eux ce courrier est « une bêtise, une maladresse », notamment parce qu’il invoque « le droit international ».
Ces deux avocats français, proches de Laurent Gbagbo, avaient pris sa défense au début des tensions qui l’ont opposé à Alassane Ouattara au lendemain de l’élection présidentielle de novembre 2010. Ils s’étaient rendus à Abidjan pour étudier la situation avec lui, fin décembre.
Levée du couvre-feu
Laurent Gbagbo a été délogé lundi 11 avril, après dix jours d’une bataille opposant ses partisans aux combattants pro-Ouattara. La ville d’Abidjan se remet doucement de ces semaines de violences et le président Ouattara a appelé à la reprise de l’activité, notamment au retour au travail des fonctionnaires.
Le couvre-feu, imposé depuis le 31 mars, a par ailleurs pris fin ce lundi sur tout le territoire, a annoncé la télévision ivoirienne (TCI).

Côte d'ivoire : la fille de Simone organise la riposte du clan Gbagbo

Marie-Antoinette Singleton, la fille de l'ex-première dame ivoirienne Simone Gbagbo, a saisi cinq avocats parisiens, dont Mes Vergès, Dumas et Collard, pour tenter de contester la légalité de l’intervention de l’ONU en Côte d’Ivoire. Et l’arrestation de son beau-père.
Fille d’un premier premier mariage de Simone Gbagbo, Marie-Antoinette Singleton a décidé de contre-attaquer. Dans un communiqué transmis par Toussaint Alain, un conseiller parisien du président sortant, Mme Singleton, ex-vice-consul de l'ambassade de Côte d'Ivoire aux États-Unis, annonce avoir saisi quelques stars du barreau parisien pour assurer la défense de l’ex-couple présidentiel, menacé d’une « procédure judiciaire » par Alassane Ouattara.
« J'ai décidé, en accord avec ma famille, de demander à Me Jacques Vergès, Me Roland Dumas, Me Gilbert Collard, Me François Epoma, Me Habiba Touré, de constituer un collectif d'avocats afin d'assurer la défense » de Laurent et Simone Gbagbo, « ainsi que des autres membres de ma famille et des collaborateurs détenus illégalement par les rebelles », dit le document.
Au stade de l’étude
« J'ai demandé à ces avocats d'étudier les conditions de légalité, au sens international, de l' "arrestation" du président de la République et de la première dame et aussi la légalité internationale de l'intervention de l'armée française qui a agi en dehors du cadre de la résolution 1975 du Conseil de sécurité de l'ONU », ajoute Marie-Antoinette Singleton, qui vit aux États-Unis.
Les cinq avocats sont tous inscrits au barreau de Paris. Roland Dumas, ex-ministre socialiste des Affaires étrangères, et Jacques Vergès, sont déjà de proches conseillers de Laurent Gbagbo. En décembre, on s’en souvient, ils avaient dénoncé à Abidjan une « ingérence française et internationale » en Côte d'Ivoire et apporté leur soutien d’une manière très médiatique au président sortant.

Le règne des seigneurs du Nord

La région reste aux mains des chefs rebelles, qui tirent de cette occupation des revenus juteux. Élections ou pas, ils ne sont pas près d’y renoncer. Une enquête de l’ONU révèle ces trafics en tout genre.
« La situation dans le nord de la Côte d’Ivoire ressemble plus à une économie de chefs de guerre qu’à une administration gouvernementale qui fonctionne. » Plus de sept ans après la conquête de la zone septentrionale par les rebelles ivoiriens et presque trois ans après la signature de l’Accord politique de Ouagadougou (APO), sept experts des Nations unies ont dressé cet implacable constat au terme d’une enquête de plusieurs mois menée en 2009 *. Le redéploiement de l’administration, le retour de l’État de droit et la collecte de l’impôt par le Trésor public sont loin d’être effectifs. Quelques préfets, des juges et des enseignants ont repris du service, certes, mais le vrai pouvoir reste à la rébellion. Au bilan, le seul domaine qui soit revenu réellement aux pouvoirs publics est l’immatriculation des véhicules à Bouaké…
Pourtant, et c’est le paradoxe de cette crise ivoirienne, les armes se sont tues depuis longtemps, la circulation des personnes et des biens est effective et les violences sont assez limitées… Mais, sur le terrain, les milices des Forces nouvelles (FN, ex-rébellion), surnommées 0, Cobra, Fansara 110, Highlander ou Delta Force, contrôlent toujours 60 % du pays, plus de 190 000 km2. Elles répondent aux ordres de dix commandants de zone rétifs à toute réunification. Et pour cause ! Ils tirent de juteux bénéfices de l’exploitation et du trafic des ressources naturelles (cacao, coton, bois, noix de cajou, or et diamants), et perçoivent des taxes sur le trafic routier et sur les services publics comme l’électricité, que le gouvernement ivoirien fournit pourtant gratuitement à la population. Ils ont également investi dans l’immobilier et se sont approprié ou ont donné en gérance à des proches de nombreux hôtels, boîtes de nuit, commerces, stations-service… Selon le ministère de l’Économie et des Finances, ce business pourrait leur rapporter quelque 60 milliards de F CFA par an (environ 90 millions d’euros).
Une rente providentielle pour laquelle les seigneurs de guerre n’hésitent pas à se battre. Même entre eux. En mai 2008, Issiaka Ouattara, alias Wattao, a déposé le « com’zone » de Vavoua et Séguéla, Zacharia Koné, aujourd’hui en exil au Burkina. Officiellement, le chef d’état-major adjoint des FN réagissait à des actes d’insubordination, mais il en a surtout profité pour mettre la main sur le commerce du cacao. Quelque 128 000 tonnes (environ 10 % de la récolte nationale) sont exportées illégalement par les ex-rebelles vers les ports du Togo, du Ghana et, dans une moindre mesure, du Sénégal et de Guinée. Selon l’ONU, Wattao en tirerait près de 640 millions de F CFA de recettes annuelles. L’ancien caporal est également impliqué dans la production musicale et le commerce de voitures.
Contrebande
Autre grand seigneur du Nord, Martin Kouakou Fofié, l’un des trois Ivoiriens visés par le gel des avoirs à l’étranger et l’interdiction de voyager décidés par l’ONU, commande la zone 10, administrée depuis Korhogo. Il est intervenu en avril 2009 dans le secteur de Ferkessédougou, aux mains de Fofana Inza, pour régler un différend entre chefs. Depuis, il gérerait de manière exclusive les activités d’extraction aurifère de la région. Il prélève également une partie des taxes sur les échanges avec le Burkina et demande à tous les nouveaux abonnés de la Compagnie nationale d’électricité de sa zone de lui verser une redevance mensuelle comprise entre 1 500 et 3 000 F CFA. Son nom figure encore sur les récépissés de prélèvement des taxes délivrés aux conducteurs de poids lourds. À Man, le commandant Losseni Fofana, dit « L’Intrépide Loss », gère une des zones parmi les plus difficiles en raison de ses frontières poreuses avec le Liberia et la Guinée. Il est très impliqué dans le commerce du bois et du cacao, et la contrebande d’armes. À Bouaké, fief et siège des FN, Chérif Ousmane, alias commandant Guépard, est dans le négoce. D’autres, comme Morou Ouattara, ont investi dans l’agrobusiness.
Une flopée d’intermédiaires
Tous semblent s’affranchir de plus en plus de la Centrale, structure mise en place en 2003 par le secrétariat national des Forces nouvelles, pour collecter les taxes et les impôts de la rébellion. Cette volonté d’organiser les activités n’a, en effet, pas permis d’enrayer la propagation d’une économie souterraine. Les rebelles font affaire avec de nombreux opportunistes. Les Libanais exploitent illégalement le bois et le diamant, et font du petit commerce, les Indiens exportent l’anacarde et collectent la ferraille, les Chinois ont installé des pharmacies et des officines médicales.
D’après les experts de l’ONU, les ex-rebelles continuent à se réarmer, comme d’ailleurs les troupes du Sud. Malgré une vingtaine de refus d’inspection, ils ont pu identifier de nombreux dépôts d’armes et de munitions dans les régions de Vavoua, Séguéla, Odienné, Ouangolodougou et Ferkessédougou. Une partie des munitions serait acheminée via le Burkina. « Ce sont des rumeurs véhiculées par des diplomates mal informés, explique un proche du président Blaise Compaoré, médiateur de la crise ivoirienne. Le président joue sa crédibilité. »
Il n’empêche. Les barons du Nord n’ont nulle envie de regagner les casernes et ne s’inscrivent pas, non plus, dans le projet politique de leur chef. On prête, en effet, l’intention au Premier ministre de créer son propre mouvement ou d’intégrer en bonne place un des grands partis. Il pourrait présenter des candidats aux élections législatives qui se tiendront dans les deux mois suivant le scrutin présidentiel, probablement à la mi-2010. S’il pouvait former un groupe parlementaire, celui-ci deviendrait une force d’appoint et prendrait sa place sur l’échiquier politique.
L’objectif n’est pas à portée de main. Il lui sera en effet difficile d’implanter ses hommes sur les terres du Rassemblement des républicains (RDR), premier parti du nord du pays. L’ancien Premier ministre, Alassane Dramane Ouattara, dit ADO, compte de nombreux partisans chez les com’zone. Certains sont même très proches de lui. ADO a assisté au mariage de Chérif Ousmane à Ouagadougou en décembre 2007 et son épouse, Dominique, était témoin.
« Soro a plus besoin des com’zone qu’ils n’ont besoin de lui », commente stoïquement un diplomate. Les relations avec le chef du gouvernement sont même parfois tendues. Guillaume Soro a réduit ses voyages dans le Nord, certains des com’zone l’accusent régulièrement de jouer le jeu du président Gbagbo et ont même appelé à sa démission en avril dernier… Depuis, la primature se fait discrète sur les questions de désarmement et les affaires économiques. Et les com’zone se rééquipent, poursuivent la formation et la mise en place de leurs propres forces de police et de gendarmerie. Récemment, plusieurs unités ont même été dotées d’uniformes neufs. Plus grave, selon la présidence, 1 000 hommes de Chérif Ousmane auraient reçu une formation commando.
Une confiance limitée
« Soro n’est plus maître du dialogue politique, ajoute le même diplomate. Tout se joue directement entre les présidents Gbagbo et Compaoré. » Ce dernier avance à petits pas sans oublier les intérêts de son pays. Le Burkina a longtemps servi de base arrière aux rebelles. Des liens ethniques unissent les Burkinabè aux populations du Nord, une diaspora importante réside en Côte d’Ivoire, et les échanges commerciaux entre les deux pays enrichissent des tas d’intermédiaires.
« La confiance n’est pas encore totale entre les rebelles et le camp Gbagbo. La réunification définitive n’aura donc lieu qu’après la tenue d’élections transparentes, conclut un proche du président Compaoré. Si c’est le cas, nous veillerons à ce que le résultat des urnes soit respecté. Et les com’zone ne pourront se prévaloir des armes pour faire leurs affaires. »


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